Entretien avec Steve Lydon, nouveau patron du Sportscar Championship : « Il y a encore un avenir pour les protos » La cinquantaine bien portée, Steve Lydon est un vrai passionné de sport automobile. Ancien pilote lui-même en Formule Ford, voiture de Tourisme ou F2 Historic, cela fait maintenant plus de trente ans que ce gentleman britannique baigne dans le milieu de la course. Ancien membre des écuries de F1 March et Tyrrell au début des années 80 avant d’organiser des courses de clubs, Mister Lydon fut à l’origine voici quelques saisons de la création du premier championnat pour F1 Historic reconnu par la FIA. Avant de s’occuper l’an dernier du développement du circuit de Mondello Park, en Irlande, puis d’accepter, voici quelques semaines, de reprendre en mains la destinée du FIA Sportscar Championship créé et porté à bout de bras par John Mangoletsi. Epreuves annulées, plateau de plus en plus réduit, le proto européen est malade en dehors de la fête mancelle. C’est donc à une lourde tâche que s’attaque Steve Lydon dont la motivation n’a d’égale que la crédibilité et l’expérience dans le milieu. « Il existe plusieurs problèmes bien identifiés expliquant les difficultés que nous rencontrons actuellement, » confie le nouveau G.O. du championnat d’Europe prototypes faisant escale ce week-end à Francorchamps. « Tout d’abord, la multiplicité des championnats, mais surtout les différences de règlements entre les différentes compétitions. Avec la disparition naturelle de l’ELMS, il reste trois compétitions où les protos peuvent rouler : l’American Le Mans Series et le Grand-Am aux Etats-Unis, plus notre championnat FIA. Sans compter les 24 Heures du Mans bien sûr pour lesquelles les règles sont encore différentes. Une voiture en conformité pour la Sarthe ne peut pas rouler telle qu’elle en Amérique ou chez nous. Et vice-versa. Il est donc urgent pour la survie de la discipline de se serrer les coudes et d’uniformiser tout cela. Une réunion est prévue avec les différents organisateurs afin d’essayer de se mettre d’accord pour la saison prochaine sur les règlements techniques ainsi que sur les calendriers. En calquant nos règles sur celles du Mans, on peut espérer attirer en 2003 des concurrents venant s’entraîner chez nous. » L’autre faiblesse du FIA Sportscar Championship réside dans sa promotion. « Les deux sont liés, » analyse Lydon. « Il n’est pas facile d’attirer des spectateurs et des médias lorsque vous avez dix voitures au départ. Avant de faire des grandes affiches, il faut une affiche tout simplement. Ma première priorité pour la saison prochaine est donc de reconstituer le plateau. De garantir pour chaque manche un minimum de vingt bolides comme c’est le cas ce week-end, la moitié au moins dans la catégorie de pointe. Pour cela, il faut rétablir un climat de confiance. J’ai déjà parlé des règles. Il faut aussi un beau calendrier avec des beaux circuits et des bons meetings. Nous travaillons sur le concept de Super Meetings. En nous associant à d’autres championnats européens, nous pourrions offrir un package complet aux organisateurs et au public. Aujourd’hui, à l’exception du Mans, les protos ne peuvent plus se produire seuls. Il faut amener des bonnes avant-premières. J’ai déjà entamé des négociations dans ce sens. Une autre idée est de recréer des vraies courses d’endurance, des épreuves plus longues avec des noms glorieux. En 2003, il y aura ainsi trois courses de 1000 km, à Monza, au Nürburgring et chez vous à Francorchamps. Nous sommes en pleine phase de reconstruction. Laissez moi un peu de temps pour rétablir des fondations solides. Je suis convaincu que les proto ont encore un bel avenir. Des constructeurs sont toujours intéressés à trouver une alternative à la F1. Contrairement au FIA GT, ils sont les bienvenus chez nous. Il est parfois plus facile de justifier un budget sur un championnat que sur une seule course même si elle a l’énorme impact du Mans. A nous de leur donner l’envie de revenir. En leur facilitant la tâche et en faisant revivre la légende comme ici à Francorchamps, un des bastions de l’endurance. »